Face à la situation préoccupante de la malnutrition dans la région du Nord, Ingrid Ouedraogo, infirmière dans le Nord du Burkina Faso, plaide auprès des autorités locales et du gouvernement pour qu'ils mettent plus de moyens dans la lutte contre la malnutrition.
Je suis Ingrid Ouedraogo, infirmière depuis une quinzaine d'années. Je suis actuellement responsable du Centre de récupération et d'éducation nutritionnelle du Centre médico-chirurgical pédiatrique basé à Ouahigouya, dans le nord du Burkina Faso.
Déplacements massifs
Notre centre est spécialisé dans le traitement des enfants souffrant de malnutrition mais aussi dans la prévention, notamment par l'appui et le conseil aux parents pour prévenir les cas de malnutrition. Dans notre centre, nous recevons chaque mois plus de cinquante enfants malnutris. Les cas qui nous parviennent sont généralement des cas de malnutrition sévère et modérée. Cette situation a été aggravée par le déplacement massif de personnes de leurs foyers vers Ouahigouya en raison des attaques armées. Depuis 2014, des milliers de personnes ont fui leurs maisons suite à des attaques de groupes armés non identifiés.
Bouillie enrichie
Nous apprenons aux mères qui arrivent ici avec leurs enfants à faire de la bouillie enrichie et leur donnons des conseils pour que leurs enfants soient bien nourris et aient une croissance optimale. Cependant, nos moyens de prise en charge sont limités. En effet, nous manquons de dortoirs pour accueillir correctement les enfants et de médicaments/compléments alimentaires pour leurs soins.
Droits et devoirs
Depuis plusieurs années, nous menons des actions de sensibilisation sur la nutrition et la santé, mais l'insécurité grandissante a réduit nos déplacements, rendant difficile la sensibilisation de la population. Cependant, malgré le contexte sécuritaire difficile, nous ne baissons pas les bras. Nous continuons à sensibiliser les communautés et les chefs traditionnels sur leurs droits et devoirs envers les enfants, et plus particulièrement nous les encourageons à œuvrer pour le bien-être des enfants.
Nous continuons à sensibiliser les communautés et les chefs traditionnels sur leurs droits et devoirs envers les enfants.
Participer aux discussions
Face à la situation préoccupante de la malnutrition dans la région du Nord, nous appelons les autorités locales et le gouvernement à mettre plus de moyens dans la lutte contre la malnutrition. Chaque fois que l'occasion se présente pour participer à des discussions et/ou consultations, nous ne manquons pas de faire un plaidoyer pour une amélioration de la situation nutritionnelle dans la région. C'est pourquoi nous saluons l'arrivée du partenariat Right2Grow, qui permettra d'amplifier nos voix auprès des autorités nationales et locales afin qu'elles s'attaquent réellement au problème de la malnutrition des enfants."
Interview réalisée par Bertille Zoungrana, Chargée de communication et de plaidoyer à AMR-Burkina
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